Qu’est-ce qui fait “cinéma” ? Non pas qu’est-ce qui fait “cinoche”, mais : quelle est la matière dont est fait le cinéma, le “grand” cinéma ? Une vision ? Du sentiment ? De l’action ? De l’émotion ? De l’image, du son ? Tout ça mélangé ? Certains disent que l’essence du cinéma est l”Invisible”, d’autres assurent que le paradoxe du cinéma est qu’il fabrique du vrai avec du faux. Les plus prosaïques jurent que le grand cinéma demande de grands moyens. D’autres théorisent que le cinéma est l’art de créer et de manipuler le temps.
En vrai, toutes les définitions, toutes les théories sont vraies, et toutes sont fausses, en même temps. Toutes sont essentielles et partielles, éclairantes et vaines, modestes et pertinentes ou mégalomaniaques et narcissiques, tant tout le monde s’épuise à leur courir après…
Une chose, cependant, est inépuisable… c’est l’envie de cinéma. Le besoin de cinéma. La pulsion vitale qui pousse à se mettre à écrire, à filmer, à jouer la comédie, à composer, à raconter…
C’est cette pulsion là. Cette compulsion parfois, cette maniaquerie, ce rêve capricieux qui peut mener à l’extase ou à la folie, au bonheur ou à la ruine, que, fort im-modestement, nous nous employons à accompagner, à célébrer, à faire découvrir, à susciter, parfois. Et c’est cette même déraison qui fait que, malgré des conditions toujours aussi intenables après 19 ans, le festival est toujours là ! Bien bien fatigué certes, mais toujours debout.
En vrai, on s’est dit, cette année, il faut être raisonnable. Avec de telles incertitudes, affreusement récurrentes, sur la faisabilité du festival, il faut vraiment réduire encore la voilure… Hahaha !
Plus de 80 films, toutes sélections confondues, dont cinq premiers longs métrages… Plus de 80 projets de courts métrages, longs métrages et séries défendus par leurs autrices, leurs auteurs, mais aussi par une soixantaine de comédiennes et de comédiens magnifiques… Des labos créatifs, des tables rondes, des forums, des rencontres, plus de 70 rendez-vous en huit jours de festival avec une masterclass inédite de la présidente de notre jury de la compétition officielle, Anouk Grinberg… Sans oublier notre engagement sur l’inclusion avec Ça Tourne en Île-de-France, un dispositif complet autour du concours de films à faire en 7 jours avec des comédiennes et des comédiens en situation de handicap. Dispositif augmenté cette année d’un tout nouveau forum public accueillant associations, organismes, écoles et institutions engagées dans l’inclusion des personnes handicapées dans le monde de l’audiovisuel.
Impossible de tout détailler ici. La richesse de notre programme est le reflet de la vitalité de l’émergence cinématographique : deux cents films reçus de plus que l’année dernière, les cent places disponibles pour postuler au Marché aux Prod’s éclatées en à peine deux minutes à l’ouverture des inscriptions… et tout à l’avenant.
C’est à vous, maintenant, de faire vivre ce programme, de découvrir nos sélections, de rencontrer toutes celles et ceux qui font l’émergence, de vous projeter dans les projets, de vous atteler à tous les ateliers, de faire la ronde des tables-rondes, de faire la fête aussi… Bref, de plonger dans notre grand bouillon, notre consommé concentré de tous les talents, intime mélange de passion, de raison et de déraison, au service de la “matière cinéma”.